Article du 29 avril 2024 - par Jacky JOYE
Les Champignons et l’aviation Commerciale
Le pétrole contient de l’eau, jusqu’à 10% de sa masse, sous forme d’un composé enclin à se dissocier lorsqu’il subit de fortes variations de pression. Pour cette raison, les réservoirs de carburant des avions de ligne produisent de l’eau qui s’accumule au fond, et qu’il faut purger fréquemment, sans que ce soit suffisant pour éliminer totalement l’eau qu’ils contiennent.
Quand un avion est immobilisé au sol pour une longue durée, par exemple à l’occasion d’un chantier de réparation, des bactéries et des champignons se développent à la surface de séparation entre l’eau et le pétrole.
Comme tout organisme vivant, ils ont besoin d’eau, et ils se nourrissent d’hydrocarbures. Leur prolifération forme un film gélatineux capable de colmater les filtres qui sont disposés le long des circuits d’alimentation en carburant des réacteurs, et même de corroder la structure métallique des réservoirs. Il faut donc s’en protéger.
Une personne à Airbus s’est spécialisée sur ce sujet, dans la seule optique de détecter leur présence, par un procédé basé sur la bioluminescence, et de les détruire, par adjonction de biocides dans les réservoirs.
Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre cette personne citer le genre « Scutellinia » parmi les souches qu’elle avait identifiées ! Le genre que notre cher ami Jean-Claude DONADINI traquait avec passion, armé d’une loupe, sur les crottes de lapin dans les sorties de la SMP !
D’après cette personne, les espèces qu’on trouve dans les réservoirs varient selon l’origine géographique du pétrole, ce qui laisse perplexe quand on songe au processus qui transforme le pétrole brut en kérosène. Mais, si c’était vrai, alors il reste toute une flore mycologique à découvrir au fond des nappes pétrolifères.